DES FOULES, DES PEUPLES, DES CRÉATURES
Une exposition de Carmen Perrin et Virginie Delannoy
La rose de la façade de la cathédrale de Soissons est un témoin de l'époque médiévale durant laquelle des figures furent installées par des tailleurs de pierre sur et dans les cathédrales. Frappée par la tempête Egon en 2017 et déposée dans l'ancienne église Saint-Léger, aujourd'hui désacralisée (espace muséal depuis 1909), la rose porte les marques de cette catastrophe. Un savoir-faire renouvelé dans le contexte d'une restauration inédite (achevée en janvier 2022) a permis la création d'une nouvelle rose, désormais visible au sein de la façade de la cathédrale de Soissons.
Partant de ce constat, Carmen Perrin et Virginie Delannoy, deux artistes plasticiennes en résidence au musée d'art et d'histoire Saint- Léger, proposent de mettre en place un récit : comme lorsque l'on accourt au-devant d'un événement survenu dans notre entourage, des personnages descendus des façades des cathédrales de la région sont venus voir la rose pour lui rendre un hommage.
Incarnés par près de 80 figures de terre crue, réalisées avec des spécialistes de la technique de la bauge, ces « acteurs » à l'échelle du corps humain ou parfois animal prennent la forme minimaliste de monolithes.
Le contexte de la catastrophe « naturelle » autour de la rose de la cathédrale de Soissons résonne avec celui que nous vivons aujourd'hui, dans le cadre de l'anthropocène. Carmen Perrin et Virginie Delannoy réagissent à ce contexte et s'approprient la rose médiévale brisée par une tempête, pour la révéler comme un écho à la destruction du vivant par l'action humaine sur notre planète.
L'intervention artistique, telle une scénographie sculpturale dans l'ancienne église Saint-Léger, propose une exposition à part entière, qui réunit une myriade de « statues abstraites » d'une hauteur comprise entre 50cm et 1m80, regroupées dans une grande partie de l'espace de l'église, autour de la rose, comme une foule, en attente, en recueillement.
Dans cette installation qui interagit avec certains éléments de l'architecture de Saint-Léger, avec la lumière naturelle et l'espace circulaire occupé actuellement par les multiples fragments de la rose déposée, une place a été réservée à une vingtaine de fragments lapidaires, prêtés par des habitants de Soissons. Ces pierres ont été incrustées, à différentes hauteurs, dans la masse de certains monolithes, comme des fossiles qui affleurent.
L'installation artistique est complétée par l'introduction des « créatures » minérales, déjà résidentes au sein de l'église (éléments des collections municipales), et le dialogue saisissant qu'elles développent avec les monolithes de terre crue.
La dernière phase de cette expérience artistique concerne la mise en place des conditions nécessaires permettant le recyclage des 26
m3 de terre dans le cadre d'un nouveau projet. Des échanges se poursuivent actuellement avec plusieurs institutions et associations en France, intéressées à accueillir ce précieux matériau.
Du 14 octobre 2022 au 29 janvier 2023.
Vernissage le 14 octobre à partir de 18h.
Musée d’Art et d’Histoire Saint-Léger
2 rue de la Congrégation
02200 Soissons - France