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Intervention artistique éphémère — Musée des Beaux Arts du Locle — 24.10.20—31.01.21
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Têtue géométrie ou la tentation d’escalader le ciel

Intervention artistique éphémère — Musée des Beaux Arts du Locle — 24.10.20—31.01.21
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En 1976, le peintre Jean-Pierre Schmid, dit Lermite réalise «Paysage pour un berger (II)». Un paysage constitué de lignes droites et courbes, délimitant des surfaces colorées. Les couleurs «chaudes» et «froides» sont entremêlées, comme le sont, sous les frôlements de la lumière, la superposition des plans et des angles inclinés. Aucune ligne horizontale ne vient atténuer une subtile mouvance tectonique entre une deuxième et une troisième dimension. 

De cette matrice virtuelle, comme ondulant sous la force d'une brise hiémale, j'ai tiré une «empreinte». Celle-ci, déposée sur les fils régulièrement tendus d'une texture verticale, est détachée de quelques centimètres du mur blanc. Vue de face, elle renvoie à l'oeil une image diaphane. Cependant, une légère vibration chromatique incite le visiteur à se déplacer devant l'image pour percevoir, progressivement, la couleur «se lever» dans toute son intensité, s'atténuer à nouveau, puis réapparaître selon les points de vue et les angles d'ondulations.

L'allusion à une forme simple et répétitive du métier à tisser évoque les objets du travail manuel de paysans ou d'artisans que Lermite, acharné à capter toutes les facettes d'un même objet, qu'il s'agisse d'un outil ou un élément architectural comme certaines fenêtres d'ateliers, a cherché à retranscrire plastiquement dans leur contexte singulier. 

La polychromie, déposée par fragments sur des milliers de fils élastiques, évoque la  tension du contact entre l'oeil de l'artiste avec les forces mouvantes, proches et lointaines, «du paysage venu lentement à soi», comme l'écrivent Marie-Claire et Pier-Angelo Vay, dans le catalogue raisonné LERMITE 1920-1977.

À travers le regard exigeant qu'il portait sur les éléments constitutifs du site où il avait choisi de s'installer pour vivre et élaborer son langage, Lermite, cherchait à se confronter aux éléments du paysage, comme à un champs de forces traversé principalement par des sensations «haptiques».  

Dans la préface, Roland Bouhéret écrit «Lermite épia jusqu'à la fin la lumière». Avec mes propres outils et depuis le début de mes recherches, moi aussi je la scrute et j'invente des sortes des pièges pour la capturer, la moduler et l'articuler avec des matériaux ou avec de  la couleur. 

Carmen Perrin, août 2020 

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24.10.20—31.01.21

MUSÉE DES BEAUX-ARTS
Marie-Anne-Calame 6
CH-2400 Le Locle
T +41 (0)32 933 89 52
mbal.ch

© carmen perrin